Le froid était mordant, l'air automnal humide s'infiltrait jusqu'à l'os tandis qu'une frêle silhouette féminine montait en direction d'une crête. Une sinistre forteresse entourée d’épaisses murailles, nichée dans une épaisse forêt, faisait face à l’étendue de l'océan. La jeune femme retint un frisson et marqua une pause, restant immobile, en plein vent, l'épuisement la menaçant dangereusement. La tentation la tenaillait, lui ordonnant de s'allonger pour se reposer, rien qu'une seconde. Elle secoua la tête mais le temps lui manquait. Elle devait continuer. Il fallait qu'elle mette plus de distance entre elle et ces monstres, l’immense bâtisse de pierre, cette île, cette terre peuplée de créatures, une civilisation de prédateurs. Elle étudia le terrain, tremblante de fatigue, tourna la tête et prêta l'oreille mais elle n’entendit rien, aucun son de poursuite, uniquement le chant des oiseaux et le craquement des branches sous ses pas. Dans cette hâte, il lui était impossible de prêter attention à son poursuivant dont elle devinait et craignait la présence, une seule idée la menait de l’avant, la fuite, échapper à son poursuivant, tenter de survivre Bon sang, elle espérait se diriger dans la bonne direction pour retrouver la civilisation humaine. Elle se devait d'y croire comme elle avait besoin de sa prochaine bouffée d'oxygène. Elle devait accumuler de la distance, sinon ils allaient la retrouver et ne la laisseraient jamais quitter ces terres. Et tandis que le craquement des branches résonnait dans le silence, elle fouilla les ombres, à la recherche des dragons, le cœur battant la chamade, s'attendant à ce qu'on l'attrape violemment. Pars, pars, pars. A cet instant, une ombre dans le ciel, au-dessus d'elle vient d'apparaître dans un sombre présage. Elle se mit alors à courir, foulant l'herbe humide sous ses pas rapides, accélérant encore la cadence, refusant de s'arrêter. Le dragon était sur ses talons. Elle pouvait le sentir dans l'air de la montagne, s'élever dans la nuit telle une ombre prédatrice. Elle continuait à courir n’ayant guère plus aucun répit, sachant pourtant qu'elle ne pouvait échapper au prédateur. Une ombre l'avala par derrière. Elle aperçut sur l'herbe juste devant son regard, une immense forme ailée pourvue d'un cou de serpent et d'une longue et terrible tête, puis, l'ombre se ramassa sur elle-même et, la seconde suivante, une montagne la frappait dans le dos, s'écroulant au sol, lui coupant le souffle. La montagne se transforma en un mâle puissant et massif. Elle était prise au piège, le prédateur avait retrouvé sa faible proie. Enfer et damnation ! A présent son sort serait scellé par l’enfer de l’esclavage, si elle survivait…